J’écris pour moi, aussi

J’écris pour moi, aussi

Parcours d’un arbre
Muriel et Mathilde Rouch

Petite présentation

Née dans un pays aride et rude, Ihtmé, une petite graine, cherche à se transformer en arbre. Malgré tous les efforts que lui prodiguent les siens, le sol, trop pauvre, l’empêche de s’épanouir. Elle décide alors de quitter sa terre, en quête d’un monde meilleur. Son aventure sera faite d’apprentissage, de rencontres, d’humilité et de courage.

À l’heure de l’instantané, du « tout, tout de suite », de la superficialité, l’autrice, écrivaine publique de son état, cherche au travers de ce conte, à rappeler combien apprendre est un long cheminement, parsemé de joie, de découragement et de persévérance.
Mais ce chemin en vaut la peine, car apprendre, c’est se construire, progresser, et trouver les moyens de devenir des êtres indépendants, structurés, dotés d’un libre arbitre.

Ce conte est aussi une histoire familiale. Il est le résultat d’une collaboration mère-fille. Muriel s’est allié le coup de crayon de sa fille Mathilde, scénographe et illustratrice, diplômée des Arts Décoratifs de Paris.

L’incipit
Extrait

Fin décembre. Col de Romeyère. Milieu de journée. Ciel bleu. Transparent. Nuage, aucun. Une femme. Dans une voiture blanche. Arrêtée. Sur le siège passager, un sac à dos, un bonnet, des cartes.

Vide. Sentiment d’être perdue. Ce matin, elle s’est levée parce qu’il le fallait. Des larmes qui montent. Larmes d’impuissance, de colère contre elle-même. Que faire pour sortir de son impasse ? Installée à son bureau, rien, toujours cette page blanche, cette maudite page blanche. Elle avait pourtant l’impression d’avoir bien mûri son projet… Elle doit se sortir de là, elle doit avancer. Regards sur ses brouillons, ses cartes IGN espérant trouver ne serait-ce qu’un embryon de piste. Toujours rien. Respire, vide ta tête…
La première fois qu’elle a entendu parler des charbonniers du Vercors, c’est en ouvrant un livre, Le Vercors Autrefois… Novembre 2006. Quelques courses à Villard de Lans. Un jour de pluie. Gouttes fines. En rejoignant sa voiture, elle passe devant la librairie. Elle aime ce lieu. Des piles de livres partout, même par terre. Des rayons qui débordent. Des présentoirs surchargés, en équilibre. Une lumière tamisée. Un cocon hors du temps. Le libraire, Gérard,… étonnant. Posé bien en évidence dans la vitrine, le livre est là. Connaître l’histoire de son lieu de vie…intéressant…
Elle rentre, trouve le livre, l’ouvre au hasard. « Les charbonniers dans la forêt ». Des charbonniers ? Qu’est-ce que c’est ? Elle découvre qu’à partir des années 1880, des italiens venus des régions de Bergame puis du Veneto, se sont déplacés dans les montagnes du Vercors pour fabriquer du charbon de bois. Des hommes, des femmes, des familles entières s’installaient dans les forêts d’avril à octobre, le temps d’une saison de charbonnage. Construction de la cabane. Coupe du taillis. Terrassement et fabrication d’une plateforme. Édification d’une énorme meule de bois recouverte d’herbes, de feuillages et de terre : la charbonnière. Allumage. Surveillance jour et nuit. Carbonisation. Cavage.
Hormis la découverte d’un métier, d’une vie qu’elle ne connaissait pas, ce qui la frappe, c’est qu’ils étaient tous italiens, comme sa grand-mère.

Muriel Rouch – 2020

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