Hélène Ducrocq, une artiste engagée

Hélène Ducrocq, portrait d’une femme dont les univers questionnent  sur notre représentation du monde.

Il y a quelques temps, j’ai rencontré Hélène Ducrocq… par visio.

Un jour, un message de Pierre Dron. Une invitation à découvrir l’exposition d’Hélène Ducrocq : Femmes sauvages.

Curieuse, je cherche sur le Net plus d’informations. Qui sont ces femmes sauvages et qui est cette Hélène Ducrocq ?

Une image apparaît sur mon écran, l’affiche de l’expo, un cyanotype. Je suis frappée par l’intensité des bleus et leurs nuances, par les mouvements, le côté organique qui se dégage. Je trouve ça très beau et accessible. Besoin de le dire, d’en faire part.

« Et si tu faisais son portrait ? » me lance Pierre. Je me sens alors comme autorisée et ose contacter Hélène via messagerie. Elle, qui ne me connaît ni d’Ève ni d’Adam, à ma grande surprise, accepte. Nous convenons d’une date d’interview. Le top départ est lancé.

Préparation consciencieuse de cette interview : visite de son site (www.oeilbleu.com), écoute de podcasts, lecture d’articles. Je découvre une artiste multiple – réalisation, écriture, illustration –, sensible au vivant, à la nature.

Des questions surgissent. Envie d’en savoir plus sur ses univers, son processus de création, sa personnalité, sur ce qui l’anime.

L’heure et la date du rendez-vous arrivent, un peu d’appréhension.

Par écrans interposés, Hélène m’accueille avec un grand sourire. Elle se livre avec simplicité, mais tout au long de notre discussion, elle se demande ce que je vais bien pouvoir faire de tout ce qu’elle me raconte.

 

Eh bien, après des recherches et cet entretien d’une heure, voilà ce qui m’a séduite chez Hélène :

 

Sa détermination

Je suis touchée par cette petite fille qui se rend compte qu’elle peut canaliser ses émotions et prendre du recul face à ce qu’elle vit, ressent, grâce à quelques coups de crayons, puis qui décide, un jour, de faire de ce moyen d’expression, une force.

Une force qui la conduira à aller plus loin, à expérimenter d’autres formes d’expression, à utiliser son art pour devenir raconteuse d’histoires. Des histoires qui apportent un regard différent, empreint de douceur, de respiration.

 

Sa curiosité et sa volonté de reconnecter l’humain avec la nature

J’aime cette curiosité qui la pousse à se questionner, à se documenter pour comprendre notre rapport au monde, un monde qui lui semble vide de sens, rempli de violence, de peur – peut-être parce qu’il s’est déconnecté de la nature. Nature qui pourtant nous nourrit, prend soin de nous.

Et que ce soit dans ses courts métrages comme les Mal aimés, dans les histoires qu’elle raconte, dans ses illustrations, dans ses œuvres, elle cherche à nous reconnecter avec cette nature afin que nous puissions nous ressourcer et retrouver du sens dans notre vie.

Je ne peux m’empêcher, alors, de faire un rapprochement avec le travail de l’architecte Luc Schuiten qui conçoit la ville comme un vaste organisme vivant où règne osmose, résilience, respect, où chaque être humain peut construire ses points de repère fondamentaux et lutter contre la dégradation de son environnement.

 

Son engagement

Je suis admirative devant sa volonté, par le biais de son art, de créer un monde meilleur en sensibilisant le public aux thèmes qui lui sont chers : la nature, la biodiversité, la féminité, nos peurs ou nos phobies.

Cet engagement passe par la discipline et les objectifs qu’elle se fixe, par l’énergie qu’elle déploie dans la réalisation de ses projets : sorties nature pour observer les animaux, rencontres avec des naturalistes, choix de la technique qui lui semble la plus appropriée au message qu’elle veut faire passer, à l’émotion qu’elle veut susciter, mais aussi… recherches de moyens financiers.

Il passe également par la transmission de ses univers, par les dynamiques de créativité qu’elle impulse et le soutien qu’elle accorde aux jeunes auteurs via son blog, sa chaîne Twitch ou la Communauté d’écriture de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

 

La délicatesse qu’elle apporte à ses créations

Je suis sensible au fait que, à chaque projet, elle choisit minutieusement le type de lumière, de couleurs et de matériaux. Comme dans son film sur les corbeaux où elle a préféré utiliser le principe de la peinture animée, plutôt que le papier découpé, pour apporter souplesse aux plumes des oiseaux et façonner des métamorphoses.

Je suis émue quand elle m’explique que, dans ses films, elle veut créer une véritable alchimie entre le son, l’image, le rythme, le mouvement et la musique afin que le spectateur soit emporté et touché par ce qui se passe. Pourquoi ? Parce que, lorsque j’écris, je me reconnais dans ce processus.

 

Et enfin l’émerveillement qu’elle nous offre

J’entends l’émerveillement qui l’anime lorsqu’elle crée.

Cet émerveillement qui donne envie d’apprendre, qui réveille nos imaginaires, développe notre créativité et notre propre compréhension du monde.

 

Et pour son plus grand bonheur, elle le suscite chez les jeunes générations. Preuves en sont les dessins que lui envoient de par le monde, les enfants qui ont vu ses films lors des festivals de courts métrages et d’animation de Singapour, Berlin, Bruxelles, Clermont-Ferrand

 

Alors, j’ai hâte de découvrir ses nouveaux projets, le deuxième volet des Mal aimés, qui devrait sortir en 2024, et ses prochaines œuvres.